Poéthique, une autothéorie rassemble des essais variés où l’auteur, revenant sur son parcours, cherche à cerner sa vision de la poésie. Au mépris des constats récurrents qui ne veulent voir que son obsolescence, il plaide pour la pertinence existentielle de la poésie : elle demeure décisive dès lors qu’il s’agit de travailler à l’invention de formes de vie où pourrait prendre sens l’adage hölderlinien d’une habitation poétique de la terre.
Le propos n’est donc pas d’abord celui, strictement théorique et « formaliste », de la poétique. S’interrogeant sur les liens de la poésie et de l’existence, sur la possibilité (ou l’impossibilité) d’une vie poétique, sur ses fins et ses modalités, sur ses chemins (fussent-ils de ceux qui ne mènent nulle part), il est bien davantage de l’ordre d’une philosophie pratique, appliquée. Il procède de ce que l’auteur, après d’autres, appelle une po-éthique.
Convaincu de la porosité des frontières entre les genres et les registres, Jean-Claude Pinson mêle dans ce livre inclassable, non seulement des essais théoriques et des notes de lecture, mais aussi des textes mi-narratifs mi-réflexifs, appuyés sur des exempla témoignant d’expériences et de rencontres vécues. De l’étude théorique à la variation libre de l’incursion autobiographique, c’est ainsi toute la gamme de l’essai qui se trouve ici déclinée. Au bout du compte, la voie explorée est celle de ce qu’on pourrait appeler une « autothéorie » (comme on parle aujourd’hui d’autofiction).
essai, éditions Champ Vallon, 2013, 336 pages.
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