Biographie
1947 : naissance à Saint-Sébastien-sur-Loire dans la banlieue de Nantes. De ma commune natale, Gracq parle, avantageusement, comme d’un « village solaire » refusant « d’être un faubourg : c’était, écrit-il, un avant-poste des campagnes vendéennes implanté au bord de la Loire, à l’abri de son fleuve, et que l’air de la ville n’avait contaminé en rien. On y écoutait distraitement Nantes bruire au-delà du chenal, tout comme les moutons noirs de Charette avaient assisté de là, presque en curieux, à l’assaut de la ville en 1793 ».
Famille de cheminots. Mes deux grands-pères sont des paysans du Marais Breton. Rescapés de la Grande Guerre, démobilisés, ils se font embaucher aux chemins de fer. L’un devient cantonnier, l’autre aiguilleur. Ma grand-mère maternelle, fille de ferme, devient garde-barrière. Ma grand-mère paternelle, elle, naît dans une famille de restaurateurs nantais ruinés. Ma mère, ouvrière couturière dans sa jeunesse, devient très vite mère au foyer. Mon père appartient à l’aristocratie ouvrière. Ajusteur affecté à la réparation des locomotives au dépôt de Nantes, il devient par la suite électricien, avant d’occuper, par le biais de la promotion interne, un poste de de technicien, toujours à la SNCF. Pas de livres à la maison, mais les valeurs de l’école républicaine et laïque y sont très fortement défendues. Famille très « à gauche ». Athéisme et valeurs ouvrières (égalitaires, fraternitaires) y sont mis en avant. Découverte de la Méditerranée, à l’occasion de séjours fréquents dans l’arrière-pays de Menton, où mon père a construit un cabanon.
École publique à Saint-Sébastien-sur-Loire, puis, à partir de la classe Sixième, Lycée Jules-Verne, à Nantes. Début d’une amitié, qui perdure, avec Jean-Pierre Martin. Baccalauréat en 1965. Découverte du free-jazz. Choc que constitue le concert de John Coltrane auquel j’assiste en juillet 1965, à Juan-les-Pins.
À Paris, interne au Lycée-Louis-le-Grand. Hypokhâgne. Adhésion à l’Union des Étudiants Communistes. Reçu au concours des IPES, ce qui me procure un traitement régulier. Quitte la khâgne au bout de quelques semaines, à l’automne 1966. Inscrit en Lettres à la Sorbonne. Premiers essais littéraires. Rencontre Sartre avec un petit noyau d’apprentis auteurs emmené par Michel Guérin. Contacts, simultanément, avec le groupe Tel Quel. Etudiant fantôme, je milite activement à l’UNEF. Devenu « maoïste », suis exclu de l’UEC; participe en décembre 1966, à Poissy, à la création de l’UJC (m-l) (Union des Jeunesses Communistes (marxistes-léninistes). Laisse de côté l’activité d’écriture.
À l’automne 1967, retour à Nantes, « missionné », avec un camarade, par les chefs de l’UJC (m-l) pour y fédérer divers groupes maoïstes locaux. Participe activement aux « événements » de Mai 68. Travaux, plusieurs étés de suite, dans les fermes de syndicalistes paysans qui sympathisent avec nos idées.
1969-1970 : enseigne comme Maître-Auxiliaire de Lettres au Lycée de La Roche-sur-Yon. Puis, l’année suivante au Lycée technique de Cholet. Achève à l’Université de Nantes une Licence de Lettres Modernes commencée à la Sorbonne. Dépose un sujet de mémoire Maîtrise sur Jules Vallès, qui restera à l’état de projet.
Mariage (en 1970) dont naîtront trois enfants. Une fille (décédée en 1971), et deux garçons, né l’un en 1973 et l’autre en 1976.
Reçu en 1971 au CAPES de Lettres Modernes. Année de stage à Nantes. Milite dans une groupuscule issu du PCMLF (Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France) baptisé « Le Travailleur » et emmené par un ouvrier de Blois, Raymond Casas.
1972-1973 : service militaire comme simple soldat, au 6e Régiment du Génie d’Angers, affecté dans une compagnie semi-disciplinaire (123e Compagnie Régionale du Génie).
À la rentrée 1973, nommé dans un collège de Rezé (banlieue de Nantes), où j’enseigne le Français. Mon épouse, elle, est affectée à Saint-Nazaire, dans un collège technique. Avec tout un groupe de militants de la région, je rejoins le PCMLF de Jacques Jurquet.
1974 : installation à Saint-Nazaire, où j’enseigne, jusqu’en 1981, dans un collège (d’abord à Saint-Nazaire même, puis au collège de Saint-Joachim, en Brière, avant d’être à nouveau affecté à Saint-Nazaire). Années de militantisme acharné. Membre du Comité Régional du PCMLF.
1980 : auto-dissolution de la Région Loire-Océan du PCMLF. Fin du militantisme. Je reprends des études de Philosophie à l’Université de Nantes, tout en continuant d’enseigner à plein temps en collège à Saint-Nazaire. Boulimie de lectures, littéraires et philosophiques. Licence de Philosophie (1981). Admissible, la même année, à l’Agrégation de Philosophie, mais recalé à l’oral. Dépose un sujet de mémoire de Maîtrise intitulé « Système et critique chez Kant », mémoire qui ne sera jamais soutenu.
1982 : reçu à l’Agrégation (externe) de Philosophie. Enseigne désormais la philosophie dans divers lycées (La Baule, Pornic), avant d’être nommé au Lycée Aristide-Briand de Saint-Nazaire.
Tout en enseignant en lycée, j’entreprends une thèse sur la philosophie politique de Hegel (à Nantes, sous la direction d’André Stanguennec). Simultanément, me remets à écrire. Publication dans quelques revues (Oracl’, Po&sie, Foldaan, Nouvelle Revue Française…).
1985 : parution, au Dé bleu, d’une plaquette intitulée Croquis des coutures.
1987 : soutenance, à l’Université de Nantes, de la thèse, intitulée Le contingent dans la Philosophie du Droit de Hegel. Elle paraît en 1989 aux Presses Universitaires de France (PUF) sous le titre Hegel, le droit et le libéralisme. Tout en continuant d’enseigner à plein temps au Lycée de Saint-Nazaire, je deviens chargé de cours au Département de Philosophie de l’Université de Nantes (cours de philosophie médiévale).
Nommé en 1989 Directeur de Programme au Collège International de Philosophie. Dans ce cadre, séminaire sur la philosophie de la poésie, à Paris, puis à Nantes (jusqu’en 1995).
1990 : nommé Maître de Conférences au Département de Philosophie de l’Université de Nantes. J’y enseigne principalement la philosophie de l’art. Parution, aux éditions Champ Vallon, d’un premier livre de poésie, J’habite ici.
1991 : installation à Nantes.
En 1995 paraît un premier essai sur la poésie contemporaine, Habiter en poète. Une douzaine de livres suivront, essais et livres de poésie (de brefs récits également).
Dans les années 90, découverte majeure de Leopardi. Dans les années 2000, lecture assidue de Barthes.
À la suite d’une invitation que je lui ai faite de venir parler devant un auditoire d’étudiants à la Faculté des Lettres, Pierre Michon s’établit à Nantes. Début d’une amitié plus que littéraire.
2004 : premier voyage en Russie, à l’invitation des Services culturels de l’Ambassade de France et du réseau de l’Alliance française. Lectures et conférences à Rostov, Taganrog, Novotcherkassk, Samara, Ekaterinbourg et Moscou. D’autres voyages en Russie suivront, ainsi qu’un séjour privé de trois semaines à Piatigorsk, à l’été 2007. Prends part, à partir de 2007, à la création d’une « revue urbaine », Place Publique. Membre du Comité de Rédaction, j’y publie régulièrement des articles sur des sujets divers, ainsi que des recensions.
Septembre 2008 : ayant renoncé à l’idée de soutenir une habilitation en vue d’obtenir le grade de Professeur, je prends ma retraite de l’enseignement supérieur.
Août 2010 : décès de mon épouse, d’un cancer.
2010-2014 : plusieurs voyages en diverses régions de Russie.
Automne 2014 : j’achève le manuscrit d’Alphabet cyrillique, livre en chantier depuis plusieurs années.
Octobre 2015, parution chez Joca Seria du livre d’Anna Glazova Expérience du rêve, traduit du russe en collaboration avec Julia Holter.
Avril 2016 : voyage en Russie avec Julia Holter (Saint-Petersbourg, Novossibirsk, Moscou, Iaroslav, Kostroma, Rybinsk).